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Société des Auteurs de Normandie
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Société des Auteurs de Normandie
27 juillet 2022

Marc Moniot

AVT_Marc-Moniot_1935

 

 

Le nouvel ouvrage de notre auteur, Marc Moniot :

 

Subterfuges et rimages extraordinaires

 

 

(Cliquez sur la quatrième de couverture)

 

Jouant sur les néologismes, Subterfuges et rimages extraordinaires fait écho à Refuges et mirages ordinaires, le livre référence de l'auteur.

Il est aussi noir et déroutant que son prédécesseur, écrit il y a trente ans.
Ce cinquante-deuxième ouvrage, obscur et énigmatique est également un préambule aux Incandescences d'Alexandre (38 nouvelles inédites à venir).
Illustrés en plus de cent photos ou dessins personnels, définis comme d'ultimes aveux, ces subterfuges sont autant de mirages que de vives lumières. 
La rythmique des nouvelles prend le pas sur la musique des mots dans une mer d'illustrations, toujours aussi chère à l'auteur.
Une mer toujours recommencée sous un feu d'artifices, de mots et d'images dans l'antre imaginaire de Charles Baudelaire pour final. 
Serait-ce l'après-mort ou une renaissance ?
Il y a comme un enflammement...
Extraits :

Enflammement

Il meurt tout doucement le poète, quand les lecteurs se tournent irrémédiablement vers les romans.

Il entretient la flamme, et pourtant, il sait que sa plume recherche des spectateurs plus assidus.

Au manoir des illusions perdues, les subterfuges de la fin du jour éclipsent la douce écume de ce vieux jardin extraordinaire qu’il traduit depuis des années.

Il s’évapore dans les nuées lunaires, le poète...
Le corbeau noir est passé...
Il a drapé la Lune de son empreinte immorale, macabre et

morbide.
Il occulte les éclats de celle-ci, pareil au vertige de l’ennui qui

happe les gens enfermés dans les labyrinthes du quotidien. L’encrier se défarde du noir qui ancre les mots du poète à ses

carnets d’exil. La plume se dérobe. La muse jette sa robe au feu...

Il meurt tout doucement le poète, sous les cris du corbeau et les voiles obscurs de la nuit qui plonge l’horizon dans le vide.

Il meurt tout doucement l’encrier qui vit naître depuis les mosaïques du soir, ces fins éclats de vers qui illuminent l’âme comme des pépites.

Elle change étrangement de couleur, la plume...
La mouette mue en corbeau.
L’art d’écrire se change dans un enflammement...
De rimages en images, s’élèvent les néologismes.
De règles en doctrines, les phrases domptent les êtres.

Il meurt tout doucement, le poète... Irrémédiablement.
Il sombre tout doucement.
Il laisse place à la nuit.

Il laisse place aux étoiles, dans une allégorie qui fige ce qu’entrevoit l’écrivain dans son besoin d’ivresse de liberté.

Le corbeau se saisit de la page blanche, comme il le fît des cadavres autour de l’Arche de Noé, symbole de l’encrier.

L’ancre de l’Arche retient les envolées tacites.
La page blanche noircit...
Immaculée d’espoirs et d’images à venir, la feuille se laisse

faire sous la plume noire. Et le destin s’écrit, limpide et lapidaire. Et les maux s’articulent aux mots du crépuscule.

Il naît tout doucement le romancier qui photographie les souvenirs, qui retouche le temps aux traits d’un avenir focalisé sur des contrastes.

Il naît tout doucement le roman d’une vie.

Il naît tout doucement le romancier qui rapporte les blessures d’un Monde à la dérive, nuançant le rôle du poète dans le fond de la nuit.

Il naît tout doucement le romancier, comme la forme lorsque l’aurore remet l’horizon sur sa ligne de conduite.

Il meurt en ses quartiers de Lune, le poète...
Il meurt en son Monde, l’esthète de minuit...
Il meurt en ses deux majuscules, l’âme et l’être pour échos.
La Lune conditionne le destin du Monde.
L’âme du poète fond aux chandeliers du soir.
Il meurt tout doucement, le goéland...
Il redevient pigeon, cédant aux sirènes de l’avidité et du

spleen qui s’écrit en lettres capitales.
Ce spleen que son père cultiva de Baudelaire, quand il

comprit bien vite que la seule poésie du Monde se trouvait à l’estuaire.

 

 

 

2

L’estuaire des dissidences et les reflets de plume.
Le seule poésie de l’être, c’est l’âme sur la Seine.
La scène des mots, assène les maux.
Ce jeune pigeon de Paris, devenu goéland Normand, il a

ressuscité cent fois, il meurt tout doucement, aveuglément... Nouvellement, dans les incandescences d’Alexandre. Intensément, de carnets noirs en photos volées. Passionnément, de roses noires en papiers épars. Irrémédiablement, dans les feux de la nuit, des poèmes à la

mer...
Il meurt tout froidement en son manoir de vers. Il meurt à petit feu au jardin d’Alexandre...

Il meurt tout doucement le poète, quand le lecteur décide de fermer le livre, quand le Monde perd la Lune au chevet de ses rêves.

Il meurt tout doucement ce poète d’exil, quand l’image et le verbe cèdent dans la nuit, quand l’être inonde l’âme d’un désert immense.

Il meurt tout doucement le Monde majuscule.

Elle plonge infiniment cette Lune qu’on assimile à la muse, lorsqu’elle gravite autour du poète le soir dans ses forêts d’exil.

Il se rouvre tout doucement le carnet noir et ses élégies ostensibles.

Il meurt tout doucement le poète, quand les subterfuges s’en viennent comme l’expression d’une fin aux apsides de l’amour.

Trouville-sur-Mer, mars 2022

 

 

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